Le mois de Mars est toujours opportun pour parler de la femme. Enfin, des droits des femmes. Certes, plus de vingt jours sont passés maintenant depuis le 08 mars, la journée internationale du droit des femmes. Cependant, arrêtons-nous un instant pour faire un point sur la situation des femmes au sein de la société béninoise.
Quelle est la place de la femme dans la société béninoise ? La question est toute simple. Malheureusement la réponse n’en est pas tout autant. D’ailleurs, ce billet n’apporte aucune réponse mais expose des faits qui parlent d’eux-mêmes.
Dans les médias le chef de l’Etat et certains de ses ministres multiplient très régulièrement les jolis mots à l’endroit des femmes. Le président Boni Yayi est indéniablement passé champion dans cet exercice. Et quand il lui arrive de s’adresser aux femmes, de les « supplier » ou de les encourager, ses propos sont d’une telle familiarité qu’il fait passer toute sa personne pour un gros bonimenteur sans s’en rendre compte lui-même. « Mes chéries », « mes mères », « nos sœurs » etc. voilà les mots qui reviennent régulièrement dans la bouche de Boni Yayi quand il s’adresse aux femmes (52% de la population tout de même). Mais dans la réalité, il n’en est rien. En fait, on a compris la stratégie, il s’agit tout le temps de bluff. Autrement dit, je vous caresse dans le sens du poil pour avoir votre soutien mais en réalité vous êtes bons à rien.
Parce que la question-titre de cet article est partie d’un constat simple et amer. Il suffit en effet, d’observer un peu le paysage de la vie publique du pays pour se rendre compte de l’absence ou de la faible présence de la gent féminine dans les organes de décisions.
Tenez par exemple, dans un gouvernement qui compte une trentaine de membres, seuls six des ministres sont des femmes. Déjà le gouvernement ne fait pas la parité aux femmes, mais pire, il les force manifestement au silence. Sinon, depuis que Reckya Madougou et Marie Elise Gbedo (pour ne citer que ces deux-là, autrement fois connues pour leurs différentes interventions), qui les a encore entendues se prononcer sur quelque sujet de l’actualité nationale? Or, ce n’est pas les sujets qui manquent.
Il en est de même pour les grandes institutions de la république. De la Cour suprême à la Cour constitutionnelle en passant par l’Assemblée Nationale, la HAAC[i] ou le CES[ii], aucune de ces institutions ne comptent à leur tête la moindre dame.
Aussi, sur toutes les 77 communes que l’on dénombre sur le territoire national, une seule s’est offert le luxe d’être dirigée par une dame. Hommage à madame Abiba Dafia Ouassagari, maire de la commune de Kérou. Et des cas comme ceux-ci on peut en trouver dans les universités, dans les administrations, dans les entreprises mais inutile d’en faire la liste.
Cependant, il y a des secteurs dans lesquels la femme béninoise n’a pas perdu sa place, bien au contraire. En effet, qu’il s’agisse de la femme, objet de plaisir, qui vend ses charmes dans les coins chauds de Jonquet[iii] ou de celle qui brave le soleil et la pluie à Dantokpa[iv] pour nourrir sa famille (et que l’on bat allégrement le moment venu) elle a toujours été toujours su garder sa place.
Les femmes sont si nulles dans mon pays ? Je refuse d’y croire. Certes, les questions d’égalité ou de parité entre homme et femme restent toujours des interrogations très sensibles. Mais il s’agit surtout de situer les responsabilités de chacun. S’il y a des hommes qui dans la bouche sont des chantres de la promotion des droits des femmes, il faut surtout qu’ils le soient également dans leurs faits et gestes. Il revient par ailleurs aux femmes de faire face à leur situation et non à quelques-unes de surfer sur la misère et la précarité de leurs paires pour réaliser leur propre vie.